Violette en douceur

Pardon pour ce silence assourdissant et ce temps qui ne l'a pas autant aidé qu'elle aurait aimé le penser .

Violette avait quitté la douceur de sa maison pour se sentir libre et ne plus avoir à subir les menaces de celui qui ne lui donnait pas le droit de s'exprimer ; mais c'était sans compter sur son sens de la vérité , de l'authenticité , de la loyauté et içi elle n'a pas réussi à s'installer comme si cette fuite avait été un feu de paille derrière lequel l'immense incendie courrait .

Elle hésite et a poussé l'ancienne porte ce matin , juste un peu ...Il n'y fait pas nuit , il n'y fait pas jour alors elle sait qu'il va falloir trancher ... Y retourner ? Ou rester içi sans avancer ? Tout lui semble penché d'un seul coup et elle aime que les murs soient solides alors ???

Violette .

( Merci pour vos si tendres messages , je ne vous laisse pas tomber ...Je dois choisir et affronter cette vie qui m'est donnée de vivre ...)

Deux fois fêtés , c'était cela sinon comment expliquer le changement de nombre .

Une fois tout en convenance , enfin en temps et heure convenus .

La seconde aprés une promenade prolongée dans le soir afin que s'installent les grands venus le surprendre .

Violette s'en est donnée à coeur joie de le couvrir de baisers , de lui raconter cette journée dont elle se souvient dans les moindres détails ...De ce " Bienvenue sur Terre " quand la sage femme le lui a posé pés de son coeur ...

Tant d'émotions retrouvées , certaine alors que son fils chéri était heureux malgré toutes ses peurs à elle ...

Un nouveau vélo , possible grâce à l'aide de la marchande de bicyclettes qui s'appelle madame Reine , cela ne s'invente pas . Une madame Reine trés royale permettant cet accés au rêve , la mise en scène et la surprise sur le pas de sa porte .

Violette était passée la veille , elle lui avait demandé un petit coup de pouce de quelques semaines et il lui a été accordé , si bien qu'elle a pu passer accrocher au guidon flambant neuf une carte enrubannée et est repartie l'air de rien ...

A l'heure du déjeuner petite chérie les a retrouvés devant " La petite Reine " et la magie complice a opéré . Petit chou est entré suivant sa grande soeur et par le plus grand des hasards s'est trouvé devant un vélo bleu avec son nom accroché au guidon ....

Il a bondi de joie et ce n'était que le milieu de la belle journée .... Dix bougies à souffler , une montre attachée à son poignet par sa grande soeur a même failli lui arracher des larmes ...Et vint le soir .

Une promenade qui n'en finissait pas pour monsieur le chien , ravi , au passage d'une telle escapade .

Au retour la nuit était tombée et malgré l'étrangeté de cette heure tardive rien ne filtra ...

Petit chou ouvra la porte et aussitôt les cris retentirent , les ballons se sont envolés , les serpentins l'ont attrapé et la musique a jaili .....

Roi de ce jour mémorable il l'a été et tous autour de lui se sont embrassés , l'amour pour leur petit frère était au rendez vous et Violette a essuyé des larmes ...mais celles ci étaient toute à la joie et à l'émotion ...

Encore JOYEUX ANNIVERSAIRE PETIT CHOU  joyeux , joyeux , joyeux , joyeux anniversaire ....

Violette

Déjà le 26 , déjà deux jours que son fils chéri et adoré a fêté ses 10 ans , qu'ils ont sauté à pieds joints et main dans la main dans ce grand double chiffre ...

Elle veut retenir ce 24 mars 2010 , ce soir avec ses mots ... Un billet pour lui , pour son rayon de soleil .

Ce soir ou demain c'est certain ...

Violette 

Ce n'est ni aujourd'hui , ni hier ...C'était il y a presqu'une semaine . Elle a entendu les ailes battre à tout rompre , des petites ailes qui laissent derrière elles un sillage sonore pareil au sifflement d'un train au fond d'une vallée lointaine .

Les prémices du printemps dans cette danse esquise lui ont donné l'envie de sauter de joie , d'enfourcher sa bicyclette , de filer derrière la porte de l'école de son fils adoré et de lui crier par dessus les murs que le soleil revenait , que l'hiver allait s'endormir , enfin ...

La petite abeille s'est aussitôt vue attaquée par deux monstres . Déchainés par les vibrations ciselées chien et chat se sont dressés sur leurs pattes , heurtant leurs moustaches effilées contre la vitre , piètre refuge de liberté dans le regard effrayé de mademoiselle l'abeille .

Violette toute l'émoi de de cette ballerine virvoltante en a oublié l'appel au secours lancé par la trompe affolée . Pauvre demoiselle jaune rayée de noir , ses fines pattes télescopiques n'en pouvaient plus de rebondir sur la fenêtre , plus haut , toujours plus haut pour échapper aux deux museaux hargneux .

Seule l'espérance des beaux jours à venir flottait alors dans son coeur .

D'un sursaut de vie Violette a bondi sur la poignée et ouvert la liberté à l'insecte qui elle en est sûre lui a jeté un clin d'oeil avant de s'envoler .

Cette semaine fût pourtant bien difficile et la douceur de l'air n'a pas réussi à écarter d'elle l'arrogance de celui qui à coups de mots assassins semble s'acharner sur elle , alors elle en perd sa liberté , sa rationnalité , sa joie et retombe comme une proie entre les griffes acérées de cet homme abject qui au delà de toute l'énergie qu'elle déploit , use de sratagèmes toujours plus forts , toujours plus violents pour la faire basculer et retomber face contre Terre .

Il aura réussi une fois de plus , une fois de trop à entrainer dans sa musette leurs enfants , les plus grands dont elle n'a pas la moindre nouvelle .

Elle a aussitôt replié ses ailes et voit le soir se coucher et le matin se lever avec la même angoisse , la même fragilité contre laquelle elle lutte désespérement ...Sans y parvenir tout à fait .

Photo prise avec son fils chéri chez Deyrolles rue du Bac à Paris pour celles qui le lui avaient demandé .

Violette .

Il n'y a rien à faire Violette ne prend pas le rythme , elle a tenté de se lancer et c'est plus fort que tout entre ces murs là elle se sent à l'étroit alors que c'est tout le contraire qu'elle était venue chercher . Alors qu'il lui fallait du volume et de l'aisance elle se tape contre un mur et rebondit sur l'autre . Est ce le fouillis de sa vie qui la rend ainsi ?

Depuis la nuit de Noël , depuis le centre de l'hiver elle n'arrive plus à gérer ses priorités , à se faire vraiment du bien et à choisir . Elle est à la croisée des chemins . Tantôt le positif revient et l'enflamme puis en un instant s'effondre laissant place aux angoisses sourdes de lendemains incertains .

Son fils chéri est rentré du ski où son père l'a emmené et cette absence d'une semaine a été une fois de plus une absence de trop dont elle n'a tiré aucun bien être , non si elle laisse la liane se relacher pour ne pas entraver ses enfants c'est elle qui se prend les pieds dedans ...Puis fils chéri est rentré le dos abimé , impossible pour lui de s'asseoir , la souffrance aux creux des reins , le coccyx fracturé et elle une fois de plus emportée par la rage de n'avoir pu soulager son fils , emportée par le mensonge que ce père a cru pouvoir imposer à leur fils . "Ne rien dire à ta mère pour ne pas avoir d'ennuis" .

La vie n'est pas ainsi , être parents c'est être aimant et savoir entourer son , ses enfants de tendresse et de sécurité . Une chute sur un snowboard à la montagne , quoi de plus banal ? Quand cela arrive c'est pour son enfant que l'on s'inquiète , on lui donne des soins , on le rassure , on le soulage par tous les moyens  non ?

Dans l'esprit de cet homme avec lequel elle a partagé 25 ans de sa vie , les choses ne sont pas ainsi et ses priorités bien différentes , on cache et les factures et les blessures !!!

Hier Violette a emmené son fils chez leur médecin , une fracture probablement déplacée qui va devoir être corrigée par un ostéopathe , des sirops contre la douleur et des antalgiques locaux sont nécessaires . Qu'y a t'il de plus normal que de se préoccuper de son petit chéri ???

Un père qui parle d'ennuis ??? Mais de quoi parle t'il ? Elle voudrait , elle seulement qu'il lui parle de leur fils blessé , qu'il appelle pour avoir de ses nouvelles ...Mais rien ne se passe le silence est lourd ...

Petit chéri avait fait des photos de sa semaine à la montagne , de ses soirées de grands au club et son père a retiré de sa carte les clichés souvenirs de son propre fils laissant une photo de lui au volant de sa grosse quatre quatre anglaise à l'intérieur de cuir somptueux ...

Alors Violette en a assez et elle enrage .

Violette et son petit chéri irons à la première heure demain au centre de radiologie , débordés ils n'avaient pas une place avant , il va du lit douillet au ...Lit douillet , se cale comme il peut et elle lui donne son sirop , des calins , des coussins tout moelleux pour s'appuyer au mieux ... Elle regarde avec attention ses mimiques , a t'il mal ? Moins mal ?

Comment peut t'elle trouver le calme , la sérénité alors que tout lui semble est en danger ? Ouf au moins son fils chéri ne craint rien de moins qu'un trop plein d'amour ...Ah si elle l'a emmené dans sa boutique préférée la semaine d'avant et là , oui elle l'avoue elle a osé ...Le confronter au pire des dangers ! Est ce qu'elle a mesuré qu'ils prenaient trop de risques et qu'elle aurait des ennuis ???

VIOLETTE 

Comme il est difficile de sauter d'un train et de partir vers un ailleurs ; quand on y est contraint . Elle veut se débarrasser des manteaux usagés et enfiler des robes plus légères mais rien n'y fait ; chaque jour elle retourne avec nostalgie vers son été , cette heure qu'elle retrouvait chaque jour avant que ne commence la traque et que ne monte l'angoisse .

La pelisse est trop lourde , trop rugueuse sur sa peau abîmée . Du coton frais , de la mousseline et le souffle discret du vent pour la ramener à la vie ; c'est tout ce dont elle a besoin , tellement besoin .

Hier matin la porte s'est refermée derrière son petit dernier , elle s'est appuyée dos à la porte et des larmes ont coulé quand a claqué celle qui s'ouvre sur la rue ...Il est parti son petit chéri , son rayon de soleil , son souffle de vie .

On lui demande des papiers , tant de papiers pour avancer vers des lendemains incertains et en fouillant dans ses cartons de fortune , elle s'est faite agresser par toutes ces années que Paul a fichu en l'air .

Lui il s'en moque , il a laissé derrière lui un jardin où les roses ne poussent plus , où l'ombre se mélange à la lumière , où l'eau manque au milieu de l'été , où les papillons ne se posent plus ...une friche ...La nature n'a pas réussi sur un tel désert à reprendre ses droits . Leur jardin n'est plus ,  il avait depuis trop longtemps retourné la Terre a son insue .

Rien ne sera comme avant , mais les papiers lui rappellent que cet avant c'est son coeur qui a voulu le serrer , le garder contre elle . Lui l'avait depuis longtemps quitté ....leur avant .

Aujourd'hui elle est prise au piège , lui qui à cette heure doit être avec sa compagne accoudé au bar du Club Med au sommet des montagnes , lui ce pauvre homme qui a menti des années durant ...lui qui avait posé sur son visage un masque vénitien trop voyant pour lui faire peur . Des doutes , des peurs , des trahisons même pas subtils et elle Violette amoureuse qui s'est faite dépouillée et jeter au milieu de nul part , le coeur blessé et l'âme dévastée , en refusant de voir , juste de voir .

Pourtant les signes étaient là et cela ne s'invente pas de telles machinations , de tels sortilèges , de telles violences aussi visibles . Oui elle a été battue , pas avec des mains , pas à coups de poings mais à coups de mots , d'indifférences , de négligences , de cette maltraitance qui tue mais ne se voit pas sur la peau mais dans les coeurs trop profonds .

Elle , Violette si gaie , celle d'avant , celle qu'il a laissée sans jamais se retourner . Celle dont il a creusé à mots nus la tombe au milieu de nul part .

Ce nul part est le plus terrifiant , va t'elle seulement pouvoir garder son petit appartement charmant ? Seul lien avec son autrefois ? Elle et lui ont pourtant formé une famille , une de celle qui n'a pas le droit de se plaindre . Des enfants en bonne santé , des chemins droits et larges , des sucreries sans amertume , des familles comme elle en croise chaque jour , des enfants qu'ils ont désiré , aimé , fait ensemble . Des bonheurs qu'ils ont partagé . Des choses simples et puis quelques privilèges un peu surannés mais était ce cela dont il voulait se débarrasser ? Etait ce pour lui l'enfer ?

Oui ...

Sans aucun doute celà l'était , elle l'a relu la gorge nouée et l'estomac déchiré sur l'une des pages de ce jugement de divorce arrivé entre ses mains il y a désormais 5 ans ...retrouvé dans l'un des cartons de fortune ...

Monsieur ....a assumé seul toute la charge familiale alors que madame ...refusait de travailler ...( ??? )

Monsieur ... faisait ...de kilomètres par jour et a travaillé pour subvenir aux besoins de sa famille ... ( ??? )

Monsieur ...a tout fait pour rendre la vie agréable à sa famille et cinq enfants est une lourde charge ....(???)

Où sont passés ses mensonges , ses détournements d'argent , ses fausses adresses , ses maitresses choisies selon leurs comptes bancaires et présentées à leurs cinq enfants , cette compagne qui lui offre aujourd'hui une vie de luxe d'une indécence à vomir alors que l'huissier est à quelques pas de chez elle et qu'elle s'enferme prise par la peur ... Il y a eut tant de mal de fait et petit chéri voit l'insupportable réalité de ce père négligent et malhonnête . Les grands ne veulent pas en parler , ils taisent derrière de hauts murs leur chagrin , leur colère ... Mais acceptent parfois cette manipulation paternelle qui leur donne l'illlusion de l'amour et de la sécurité .

Ce soir en écoutant les variations Golderg , Violette retrouve son souffle mais celui de la vie sans son fils , sans ses grands ...S'enfuit doucement ...

Son chien lui a léché la main , mademoiselle chat a ronronné et le vent s'est apaisé ...Mon Dieu comme le chagrin des coeurs abandonnés est lourd à porter ...

Quelques roses pour que Violette prenne le temps de respirer , qu'elle accepte de  lâcher prise totalement ...

Se relire lui a donné des frissons et a libéré en elle ces images enfouies ...Alors juste quelques fleurs et elle reprend son souffle ...

Violette

Un petit paquet enveloppé dans du joli papier de soie ....

Non ça c'est juste ses yeux embués qui l'ont fait rêver ...

Aujourd'hui l'amour est fêté et seule elle rembobine ses souvenirs . Il faut qu'elle laisse tous ceux là remonter à la surface , exploser pour que son coeur soit allégé et elle sait que ce sont les mots qui seuls pourront l'y aider .

Retour en arrière . Pas vraiment de chronologie mais des moments si fous que tels des petits rongeurs ils viennent grignoter jour aprés jour son esprit la paralysant et l'empêchant d'avancer totalement .   

Elle va s'étendre et laisser venir les mots , juste les maux qui doivent la quitter .

Par la fenêtre elle va se convaincre que le ciel est bleu , que l'air est doux et le concerto de Schumann va l'accompagner .

( N'oublions pas que cette pièce est celle où elle aimerait se trouver ...)

La colère lui brûle les joues . Elle est bien trop épuisée par ces dernières années pour avoir des regrets . Non c'est bien au delà .

Pour celà elle va tenter de reprendre un moment donné .

Vous pouvez imaginer une jolie maison , cachée derrière un mur et habillée de vigne vierge dès les premiers jours du printemps . Il fallait tirer sur une chaîne pour que sonne la cloche de cet ancien relais de poste baptisé du nom d'un ravissant cottage de l'ouest de L'Angleterre . Alors on entendait les chiens japer et les cris des enfants s'élever avant de se voir ouvrir la porte sur des bouts de nez curieux .

Une fois entré dans la cour intérieure aux pavés irréguliers par les fenêtres entrouvertes un piano laissait échapper quelques gammes ou bien c'était les vocalises du petit dernier qui couraient le long des murs .

Violette saisissait sur sa hanche son bout de chou blond comme les blés et se précipitait pour vous accueillir , tirant ses cheveux en arrière d'une main saisie au passage par les doigts potelés du bébé . Un thé ? Une orangeade ? C'était selon l'heure ou le parfum de la brise .

Elle s'escusait toujours du désordre qui régnait tant au dehors qu'à l'intérieur où les jouets se mélangeaient aux livres et aux cahiers des plus grands , où les partitions glissaient sous le piano en tapis incertains ...

Mais la bonne humeur était le plus doux des parfums . Bien sur il n'y avait aucune niaiserie et il est arrivé que les portes claquent , que les voix s'élèvent , que les murs grondent et que la tendresse cède le pas à la fatigue et à ses manifestations redoutées . Parfois l'ordre devenait si difficile à obtenir que l'autorité reprenait ses droits et il n'y avait plus de quoi rire ou faire des bulles ...

Ah ce petit dernier , Violette et Paul l'avaient tant attendu . Quatre beaux enfants étaient arrivés si vite , si simplement que l'attente de ce petit cinquième et la perte de la promesse d'enfant de l'été d'avant avait ébranlé ses certitudes à elle , pourrait t'elle redonner la vie ???

Aux Etats unis où ils avaient passé prés de trois mois l'année précédente une curieuse chose s'était passée . Alors que Violette avait rejoint ses enfants au milieu de juin dans sa famille et que Paul ne les retrouva qu'au début du mois d'août , elle se sentait fatiguée , anormalement épuisée . Une succession de malaises inhabituelles auraient pu l'alerter mais il n'en fut rien . Elle traversa en voiture à deux reprises les Appalaches et quand Paul enfin les rejoigna dans les premiers jours d'août ils prirent la route sans attendre en direction du sud est et Violette assuma cette conduite interminable avec à ses côtés son mari endormi et à l'arrière quatre garnements qui passaient du sommeil aux sauts en tout genre à l'arrière du long Voyager .

Trois jours de route , d'autoroutes pour atteindre le but et poser leurs bagages fut une victoire pour elle . Ils étaient enfin tous les six au milieu des palmiers et des Bougainvilliers dans la petite maison familiale .

Paul pourtant semblait ailleurs , elle l'avait connu ainsi mais elle qui avait travaillé une année pour pouvoir financer tous leurs billets d'avion aurait tant aimé qu'ils partagent tous ce bonheur des retrouvailles , de ses vacances merveilleuses qu'ils allaient passer ensemble au soleil avec leurs enfants sans souci grave .

A peine trois jours plus tard elle fut prise de violents maux de ventre et les malaises laissés dans le Kentucky  la reprirent de plus bel , elle demanda à Paul de l'accompagner chez un médecin , demande bien légitime qu'il ne supporta pas " Tu recommences à te plaindre , t'as toujours un truc de travers !!!!" la douche tomba sur les épaules de Violette avec violence et les douleurs s'accentuant elle prit sur elle de grimper au volant de la voiture et de se rendre dans le centre médical le plus proche à 5 minutes de route . Il courut alors et appela les enfants . C'est ainsi qu'il la déposa devant le medical center d'où une infirmière de l'acceuil les dirigea immédiatement vers un petit hopital à quelques centaines de miles de là .

La chaleur à l'extérieur était étouffante et un médecin l'allongea dans une salle , l'examina , lui fit faire quelques analyses alors que Paul ne cessait de faire des allers et retours entre la voiture où il avait ordonné aux enfants de ne pas bouger et le service d'urgence où Violette avait été prise en charge dés son arrivée .

Les douleurs s'éloignèrent mais Paul ne parlant pas un mot d'anglais se sentit vite agacé par cette attente qu'elle n'expliquait pas elle même .

Enfin le doc entra et lui prit les deux mains dans les siennes en lui disant " Congratulations you're pregnant " , c'est ainsi qu'elle appris sa cinquième grossesse . Elle fut partagée par la joie de cette annonce et aussi angoisée par ces douleurs si brutales mais le médecin la rassura lui demandant de se reposer les jours à venir et que tout irait bien ...

Elle sortit alors et n'oublia pas l'air suffocant qui l'arrêta alors que les portes de ce petit hopital s'ouvrit sur le soleil de Floride . Elle souriait et en entrant dans la voiture annonça la si bonne nouvelle , les enfants sautaient de joie , Paul souria et proposa pour fêter cela d'aller se baigner dans l'endroit le plus fou où des boulevards d'eau cristalline sillonnent des collines couvertes de végétation tropicale , où des cascades d'eau et des pluies fines tombent de toutes parts . Violette avait alors juste envie , juste besoin de s'allonger , de reprendre ses esprits mais elle sentit combien Paul n'était pas prêt à renoncer à cet effet de surprise ...Alors elle suivit ...

Deux jours plus tard malgré les précautions qu'elle avait prise en refusant de suivre son mari qui voulait l'entrainer sur les toboggans d'eau , elle fut de nouveau prise par des spasmes alors qu'ils marchaient sur le bord de l'océan . Impossible de reprendre la voiture et de rejoindre le premier hopital aussi ils filèrent au Good Samaritan Hospital à deux pas de la plage et aprés des heures d'attente une femme médecin lui annonça qu'elle était entrain de perdre son bébé , qu'elle se préparait à faire une fausse couche et qu'elle devait rentrer chez elle , que celà se passerait dans les 24 h à venir et qu'en cas de gros problème seulement il faudrait revenir . Que ce soit au premier comme au deuxième hopital elle apprendra deux ans plus tard que Paul c'était arrangé pour ne pas présenter sa carte bleue mais avait donné l'adresse des parents de Violette ...Comment avait t'il fait ? Quelle absurdité !!!

La deuxième nuit aprés elle fut traversée par des coups de poignards , elle tenta de réveiller son mari qui dormait profondément et grogna quand elle lui secoua l'épaule ; elle se dirigea vers les enfants endormis et s'allongea en chien de fusil par terre ...

Enfin quand le moment arriva où ses entrailles se déchirèrent elle mordit dans un gant de toilette de toutes ses forces , à s'en briser la machoire et sentit partir d'elle cet enfant dont elle avait en quelques jours appris la présence et la fin .

Elle quitta la salle de bains , un drap de bain entre ses jambes , le coeur vide , les yeux brûlants et il la repoussa d'un geste incroyable , elle se blottit contre le lit à même la moquette et compta les minutes en pleurant à voix basse ...

Cet homme là étalé de tout son long , indécent ...Cela ne pouvait être qu'un cauchemar ? Non c'était son mari , le père de leurs quatres enfants , l'homme qu'elle aimait ...Le monde venait de commencer à basculer ? Non mais elle venait d'ouvrir un peu plus grand les yeux se vidant de son sang comme un animal au pied de son maitre indifférent ...

Violette

Que le ciel ait été aussi lourd qu'aujourd'hui ou aussi clair qu'un soir de juillet , devant leur porte il y avait juste un filtre qui le croyait t'elle alors les protégerait pour toujours . Ce voile transparent était la garantie de leur bonheur . Elle n'aurait pu imaginer qu'il aurait suffi alors d'une infime effiloche pour que ne se déchire alors ce tissu protecteur ...

C'est pourtant une main qui a commencé à tirer sur un fil rembobinant à jamais les vingt cinq années qu'elle s'était employée à tisser jour aprés jour . C'était sa famille qu'ainsi elle protégeait . Il n'y avait ni aiguille , ni dé mais un coeur débordant d'amour comme meilleur ouvrier . L'abeille qui sans relâche bat des ailes et jamais ne cesse avant d'expirer .

Elle croyait qu'ils étaient deux , qu'il était à ses côtés comme elle aux siens . Parfois une ombre au loin s'approchait ....Forte de son amour elle pensait probablement qu'un souffle léger pouvait la détourner , cette ombre qu'elle croyait dérisoire . Si seulement elle avait sû , si seulement ...

Rien n'était trop tendre que les goûters dans le jardin l'été , rien n'était plus doux que le parfum du chocolat qu'elle mettait à fondre quand d'autres aspergent de puissantes et toxiques effluves chimiques pour cacher les odeurs de la cuisine ou du chien .

Elle avait en elle des rêves d'éternité pour sa famille . Elle la conjugue au singulier depuis quelques années déjà , mais elle n'apprivoise pas cette solitude de femme imposée , cette déchirure qu'il n'a pas pris le temps de lui annoncer en partant à la fin de l'été .

Oui des ombres sont passées , mais s'il avait fallu se méfier à chaque fois , se laisser emparer par la peur , se préparer au pire ...Qui aurait alors fait fondre le chocolat ?

VIOLETTE

Ils dansent dans le ciel gris , virevoltent , grisés par le vent du nord et s'étalent en douceur en un tapis immaculé . Les branches des arbres ploient et en sourdine la vie continue . Les jolis flocons de neige ne s'appuient pas sur des lignes , n'ont pas de clé sur leur portée et pourtant comme ils résonnent en symphonie dans le ciel d'içi .

Une gourmandise glissée pour vous acceuillir en notes sucrées sur ses pages qui parfois seront moins douces et plus amères que ces délices chipés entre les pages d'un livre ouvert prêt à attraper au passage sa soif de vie jamais rassasiée et ses compulsions sucrées paliant à toutes les déchirures intérieures qu'aucune bande Velpo ne pourra jamais soigner tout à fait .